CHAMPS DE RECHERCHE

Le premier champ de recherche fut l’histoire économique du Dauphiné [1966] dans une perspective perrousienne de ‘pôles de croissance’ (dans la sidérurgie/métallurgie, dans les industriels textiles) coordonnant des espaces multiples (secteurs précapitalistes/secteurs capitalistes, économie régionale/économie monde).

Le champ de recherche sur l’économie internationale voire « mondiale »

L’économie internationale accapara ensuite toute mon attention avec un premier livre ‘Problèmes de la croissance en économie ouverte’ (1969), issu d’une thèse complémentaire de doctorat (1968). L’apport le plus important de cette recherche fut de restaurer la pensée d’A.Smith, D.Ricardo, K.Marx sur les finalités du commerce extérieur : lever les contraintes internes nationales de l’accumulation du capital (contrainte d’un marché intérieur industriel et agricole trop étroit chez Smith, contrainte de l’accroissement du prix des biens salaires en relation avec la montée de la rente agricole pesant sur l’évolution du taux de profit des entreprises chez Ricardo) en les reportant sur l’extérieur et établissant pour ce faire la légitimité de l’échange international fondée sur des « lois » (loi des échanges absolus de Smith, loi des coûts comparatifs de Ricardo) ; seules ces dernières « lois » de l’échange international, et non les finalités du commerce extérieur, étaient enseignées à l’époque et le sont toujours tant dans l’économie néo-classique dite aussi standard, mais aussi dans des versions qui se veulent plus hétérodoxes (à la P.Krugman).

Cette première recherche en économie internationale va nettement évoluer car questionnée par les thèses de P.A.Baran et P.M.Sweezy, par les apports du courant tiers-mondiste (Samir Amin, André Gunder Frank, …), par la thèse de l’échange inégal d’Arghiri Emmanuel, par les luttes de libération nationale, par les pratiques de développement en Afrique suite aux indépendances, par la montée de fronts anti-impérialistes (Tribunal Russel, puis la ’Lega Internazionale per i diritti e la liberazione dei popoli’ de P.Basso, …). Tout ceci me conduit alors à une tentative de représentation livrée dans ‘L’économie mondiale capitaliste’ [1971], pas si éloignée que cela de ‘l’économie monde’ de F.Braudel. Et puis ce fut le déplacement vers un acteur majeur de l’économie mondiale, peu abordé jusqu’alors, ‘Les firmes multinationales’ [1973] avec une première tentative de conceptualisation.

Avec ‘L’internationalisation du capital’, je contribuais, pour la première fois, à la conceptualisation d’un ‘capital international’ (marchand, productif, financier), non enfermé dans un espace domestique interne, mais qui étend ses tentacules (via les firmes multinationales) sur toutes les économies du monde, déroulant des processus de différenciation, d’inégalités, à l’inverse de la pensée économique contemporaine sur ces questions. D’autres auteurs ont repris alors peu ou prou cette conceptualisation (N.Poulantzas, M.Aglietta, F.Chesnais, …).

Mais, comme je l’ai indiqué dans Problématiques de recherche, j’ai plus délivré alors dans cette partie de ma recherche une économie politique de l’économie internationale voire mondiale qu’une critique de l’économie politique.
Ceci explique mon relatif silence, après 1975, sur les questions de l’économie internationale, avec toutefois des élargissements critiques vers une ‘économie industrielle internationale’ (1977], l’économie de crédit international [1979,1982], une salarisation internationale [1982].

 

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